National -
Par Ulrick Emmanuel NOEL Le développement du tourisme
partout ailleurs résulte de la conjugaison d'efforts d'un ensemble d'acteurs
privé et public. A travers le temps, le rôle du secteur public symbolisé par
l'Etat s'est caractérisé de mitigé, et s'est successivement circonscrit entre
un interventionnisme abrupt et un libéralisme outrancier. D'où le confinement
de cette puissance publique à l'observance rigide de ses principales fonctions
régaliennes traditionnelles : défense nationale, justice, diplomatie, police et
ordre public, etc. En Haïti, depuis ce dernier quart de siècle, le rôle de
l'Etat dans le développement du tourisme n'a jamais été clairement défini, et a
dû donc se limiter à la promotion et la régulation du secteur. En fait, un chef
de l'Etat qui ne gage que par le changement, qui promeut une nouvelle
rationalité dans la gestion de la « res publica », et qui s'évertue à
considérer le tourisme comme le levier de son développement économique, ne
devrait-il pas inéluctablement se positionner en faveur d'un Etat actif,
stratège et dynamique susceptible de doter le secteur touristique de réels
instruments aptes à favoriser l'implémentation de sa politique touristique et
favoriser l'émergence du tourisme haïtien. Le tourisme haïtien et sa
multisectorialité Haïti a été avec Cuba dans les années 50 les nations phares
du mouvement touristique caribéen. Après la descente aux enfers des années 60
causée par les soubresauts politiques, le tourisme haïtien a toutefois connu un
regain de santé au cours de la décennie 70. Les années 80 et 90 ont subi le
contrecoup de nombre de facteurs négatifs liés à l'instabilité politique, à
l'inadéquation des structures d'accueil, au mauvais rapport qualité/prix, à la
propagation du virus du sida entre autres. Plus loin, une évolution en dents de
scie a été enregistrée au cours des années 2000. Cette situation était
caractérisée par la dynamique interne du secteur et les facteurs exogènes qui
entravaient son développement réel. Un plan directeur du tourisme qui a vu le
jour en 1996, a été révisé en 2008. Ce plan a formulé un ensemble de
propositions articulées autour d'une quarantaine de projets. Ces projets n'ont
pas pu être exécutés comme convenu à cause de la non-affectation par le trésor
public de moyens budgétaires adéquats et, à un autre niveau, de la
marginalisation et la méconnaissance de l'effet d'entrainement et
multiplicateur du tourisme par les décideurs politiques. En fait, le séisme du
12 janvier 2010 a fragilisé les fondements du secteur et amoindri l'offre
hôtelière et touristique disponible de près de 50%. Au cours de cette période,
le nombre d'arrivées internationales en Haïti n'a pas trop fléchi. A titre
indicatif, le volume de touristes de séjour visitant le pays en 2010 pourrait
être estimé à 400.000, dont plus de 25% est constitué de businessmen de
l'humanitaire, de la reconstruction et les ONGs. Parallèlement, le site des
croisières de Labadie dans le Nord d'Haïti suit sa progression constante. En
2010, ce site a reçu un nombre de 537.778 croisiéristes qui ont généré d'US
$5.4 millions à titre de redevances annuelles versées à l'Etat haïtien, et sans
compter les retombées directes et indirectes sur l'économie nationale et la
population. En effet, le Comité directeur des Nations Unies sur le tourisme et
le développement (CDTD) soutient que le tourisme demeure un important secteur
d'activités pour Haïti et représente entre 2000 et 2008 près de 35% de ses
recettes d'exportations. La contribution du tourisme à l'économie haïtienne
reste donc considérable et peut stimuler sa croissance et son développement.
L'insuffisance de moyens budgétaires affectés au tourisme. Peu de moyens ont
été investis dans le secteur touristique ces 25 dernières années par l'Etat
haïtien. Le tourisme haïtien, en dépit du fait qu'il a toujours été inscrit au
rang des grandes priorités nationales, est toujours traité par contre en parent
pauvre. Le tourisme demeure donc le plus mal loti du secteur économique, il
serait donc sacrifié au bénéfice d'autres priorités jugées peut-être plus
urgentes. Généralement, les moyens financiers accordés au tourisme restent
insuffisants : le montant consacré annuellement représente à peine 0,01% du
total des fonds alloués aux secteurs économiques du budget. A preuve, le budget
alloué en 2009-2010 au Ministère du Tourisme a été de 147.2 millions de gourdes
et celui de 2010-2011 est de l'ordre de 173.9 millions de gourdes.
Malheureusement, vu l'incohérence des politiques de développement et des
interventions de l'Etat, les actions des autres ministères en termes
d'infrastructures de transports, équipements culturels, éducation,
environnement, agriculture entre autres ne concourent pas au renforcement du
secteur touristique. La multisectorialité du tourisme. Le tourisme haïtien
reste un secteur caractérisé par sa diversité et sa nature fortement
transversale qui entre en interaction étroite avec de nombreux autres
industries et services et à leurs politiques sous-jacentes. L'activité
touristique génère d'importants effets positifs sur l'économie nationale
(devises, investissements, emplois, etc.). A cela, « le tourisme peut à court
terme susciter un boom de la construction, déclenchant à son tour l'expansion
des infrastructures y relatives, en particulier dans le secteur hôtelier. Le
tourisme est fortement lié au secteur de l'artisanat et des industries
culturelles, domaines dans lesquels, Haïti dispose dans la Caraïbe d'un
avantage comparatif et probablement compétitif ». L'Etat haïtien et la
politique touristique de ces 25 dernières années La politique touristique
haïtienne de ces (25) vingt cinq dernières années peut se résumer en quatre (4)
grandes étapes qui traduisent grosso modo le degré d'engagement et d'intérêt
que les pouvoirs publics attribuent au secteur touristique. En effet, avec la
fin du régime des Duvalier en février 1986, le secteur touristique haïtien, jadis
miné par un ensemble d'entraves conjoncturelles et structurelles, semblait
perdre son envol, et ne constituait pas dans les faits une réelle priorité pour
les gouvernements successifs. Entre 1986 et 1995, le secteur touristique a été
victime des convulsions politiques qui ont anticipé son déclin. « Pendant toute
cette période, la politique de l'Etat haïtien en matière de tourisme était
essentiellement orientée vers la promotion, dans le but d'assurer une très
forte présence du pays sur les marchés internationaux et auprès des opérateurs,
plutôt que vers la mise en place des bases d'un tourisme durable ». La
politique touristique de l'Etat haïtien entre 1996 et 2004 peut se diviser en
deux sous-périodes. La première, datant de 1996 à 2000, était surtout marquée
par la volonté de procéder à une planification du développement du secteur.
Outre la participation d'Haïti à des foires et assises internationales en
termes de promotion touristique, un plan directeur du tourisme a été élaboré en
1996. Ce plan avait retenu quatre (4) grands domaines d'orientations
stratégiques, à savoir : l'aménagement des zones touristiques prioritaires, les
produits touristiques, les circuits touristiques et les ressources humaines. La
seconde, se situant entre 2001 et 2004, incarnait la consolidation des grandes
orientations du PDT. Parallèlement, cette période se basait également sur la
promotion du secteur à l'extérieur par une présence marquée sur la scène
internationale. En réalité, ce mandat s'articulait surtout autour de la
régulation du secteur : la création d'un Ministère du Tourisme (2001) ; un
nouveau Code des Investissements (2002) ; création de la Commission
interministérielle des Investissements (2003), et un ensemble de propositions
relatives aux normes et classement des établissements touristiques en Haïti
(2003). La politique touristique haïtienne entre 2004 et 2006 n'a pas été
clairement inspirée. Elle voguait entre la promotion et la régulation du
secteur : participation à des foires internationales (2005) et la contribution
dans certaines fêtes patronales. Ces déplacements tenaient surtout à marquer
une certaine présence du Ministère, et ne rentraient pas dans le cadre d'un
processus rationnel d'organisation de ces événements. A titre de promotion et
de facilitation des investissements privés en Haïti, il faut mentionner la
création du Centre de Facilitation des investissements (CFI, 2006), considéré
comme un instrument de promotion et de facilitation de l'investissement en
Haïti. Toute la politique touristique de l'Etat durant ces cinq (5) dernières
années (2006-2011) convergeait vers la révision du plan directeur du tourisme
de 1996. Les efforts consentis dans la perspective de faire du Parc National
Historique (Citadelle Henry, Sans souci, et le site des Ramiers) une
destination touristique internationale n'ont pas suivi d'effets réels. Et ce,
du fait que les promesses de financement formulées par des bailleurs de fonds
internationaux n'ont pas été pour la plupart honorées. Un ensemble de projets
ont été cependant concrétisées au bénéfice du secteur : la réfection de la
route Cap-Haitien/Ouanaminthe (2007), la construction du nouveau Quai de
Labadie (2009), l'aménagement de la plage de Port-salut (2009), la construction
de l'aérogare de Jacmel (2009), etc. Malheureusement, le tremblement de terre
de 2010 est venu assener un coup fatal au secteur touristique haïtien. Au
regret, la politique touristique post-sismique et en pleine épidémie du choléra
n'a pas été modifiée afin d'apporter des réponses plus pragmatiques aux besoins
réels du secteur. Par ailleurs, la dynamique en termes d'investissements privés
s'est amplement manifestée, et on peut mentionner, dans la région
métropolitaine de Port-au-Prince, la construction de certains hôtels d'affaire
tels : Oasis Hôtel, 132 chambres; Best Western, 90 chambres; Servotel, 54
chambres; Haïti Lodging, 87 chambres ; Airport Hôtel, 250 chambres, entre
autres. Ce coup d'oeil sur la politique touristique de ces 25 dernières années
a permis de mettre en évidence l'action publique dans le domaine du tourisme.
Il révèle que la promotion, la régulation du secteur, en dehors de
l'élaboration des deux plans directeurs du tourisme, furent des objectifs
constants qui ont guidé l'action des pouvoirs publics, mais qui pourtant n'ont
pas favorisé le développement du secteur. Pour un Etat stratège et promoteur du
développement touristique Le développement du tourisme en Haïti requiert un
rôle plus approprié et dynamique de la part de l'Etat haïtien. Outre la
promotion et la régulation du secteur touristique haïtien, les pouvoirs publics
sont appelés à : Donner le ton et assurer la coordination du développement
touristique. L'Etat haïtien doit jouer le rôle de catalyseur d'activités,
d'initiatives et de projets en ce qui concerne le développement du tourisme.
Sans exclure l'engagement du privé dans la croissance et l'épanouissement de ce
secteur d'activités, les pouvoirs publics doivent impulser la dynamique
nécessaire et assurer la coordination intersectorielle efficace et durable du
développement touristique. Ainsi, il est de la responsabilité des pouvoirs
publics de garantir un certain climat de sécurité et de confiance. Il est
indispensable d'intégrer le tourisme dans tous les plans globaux de
développement et de renforcer les instruments dont l'Etat dispose pour
influencer les initiatives sur le terrain, ainsi que les aptitudes et
ressources nécessaires pour en assurer l'utilisation effective. Planifier un
développement durable et rationnel du secteur. Le secteur a connu deux plans
directeurs (1996 et 2008), cependant, aucune zone de développement touristique
proposée par ces documents n'a réellement été aménagée. Un Etat stratège et
actif doit encourager la mise en place des aménagements et des équipements
touristiques adéquats. Ainsi, faut-il procéder au zonage de ces régions, à
l'identification et au lotissement des terrains à des fins touristiques et à
l'établissement des infrastructures touristiques de viabilisation, si les
pouvoirs publics entendent réellement attirer davantage d'investissements
touristiques vers Haïti. Cette approche pourrait assouplir les difficultés
rencontrées par les potentiels investisseurs dans le processus d'obtention des
terres appartenant à l'Etat. Ainsi, l'Etat doit s'engager de manière plus
active dans le processus de planification et de mise en oeuvre du développement
touristique. Ce qui devra conduire à l'adoption d'une politique d'aménagement
durable du territoire. Développer des infrastructures et des services. La
préoccupation de l'Etat est de pouvoir fournir au tourisme haïtien une
structure viable permettant à ce secteur d'activités d'implémenter ses propres
stratégies. L'Etat doit aussi fournir les infrastructures et les services
essentiels afin de contribuer à la compétitivité du tourisme par rapport aux autres
secteurs de l'économie nationale et particulièrement à la concurrence
régionale. En fait, les infrastructures indispensables au développement du
secteur touristique sont légions (routes, transports publics, approvisionnement
en eau, traitement des déchets, approvisionnement en énergie, etc.).
Conjointement, l'Etat doit adopter une stratégie spéciale tendant à stimuler
l'assainissement des villes et des sites touristiques. Le développement et la
gestion de ces infrastructures et services de qualité peuvent profondément
influencer la relance du secteur touristique. Promouvoir et faciliter
effectivement les investissements touristiques en Haïti. Attirer les
investisseurs vers la destination Haïti requiert des stratégies agressives. Au
lieu d'attendre que des investisseurs potentiels viennent à Haïti, l'Etat
haïtien, à travers ses organes respectifs de promotion tels des bureaux
installés dans les ambassades à cet effet, devrait se porter vers ces
investisseurs. Et ce, en organisant des « points pays », en participant de
manière ordonnée et stratégique à des salons et foires internationales sur les
investissements. Attirer des investissements en Haïti revient surtout à
faciliter le processus d'investissement dans toute sa complexité. Par exemple,
allègement du Code des Investissements de 2002, facilitation dans le choix des
zones d'implantation de projets et des terres disponibles, etc. Le Centre de
facilitation des investissements (CFI) devrait être mieux outillé pour jouer ce
rôle de promoteur, de facilitateur et surtout d'intermédiaire incontournable
dans la facilitation des investissements en Haïti. Instituer le guichet unique
au sein du CFI et y rattacher le secrétariat de la Commission
interministérielle des investissements (CII) devraient réduire, à un certain
niveau, le parcours de combattant de l'investisseur. Créer un fonds de
développement et un fonds de garantie de l'investissement touristique. La
création d'un fonds de développement serait un acquis pour ce secteur. Il
constituerait un outil indispensable d'orientation de développement du secteur
entre les mains des pouvoirs publics. L'existence d'un fonds de développement
touristique viendra éventuellement en appui aux initiatives louables des PME
touristiques, des opérateurs du secteur et des services connexes ayant toujours
un accès difficile au crédit bancaire. Ce fonds permettra à bon nombre
d'opérateurs touristiques d'augmenter leur capacité d'accueil et de renforcer
la qualité des prestations fournies aux visiteurs par les établissements touristiques
à travers le pays. D'un autre côté, la nécessité de créer un fonds de garantie
des investissements privés en Haïti se fait âprement sentir. Ce fonds aura pour
ambition de faciliter l'accès des entreprises privées aux financements à moyen
et long terme, par le partage, avec les établissements de crédit, des risques
liés à ces opérations. Ce fonds augmentera les ressources financières
disponibles pour les petits entrepreneurs touristiques, et contribuera ainsi à
la promotion du développement touristique. Edicter des normes et réglementer le
secteur touristique. Améliorer la réglementation et l'application de la loi
constitue un ensemble de prérogatives attribuées aux pouvoirs publics (décret
mars 1975). Toutefois ce décret est dépassé et ne reflète plus la réalité
touristique et hôtelière actuelle en termes d'application des normes
d'exploitation et de fonctionnement des structures hôtelières et touristiques.
Un Etat qui entend développer le tourisme en Haïti et édicter des normes doit à
la rigueur investir dans des structures hôtelières moyennes rentables dans les
villes de province pour répondre à une demande interne de plus en plus
croissante (par exemple, 30 chambres) et parallèlement compenser la faiblesse
de l'offre touristique. Ces structures hôtelières, en plus de répondre à un
besoin, pourront se convertir en espaces de formation touristique, communément
appelés « hôtels d'application ». Cette approche n'exclut pas une mise en
gérance mixte, soit privé/public. Ceci étant, les pouvoirs publics pourront
plus aisément imposer les normes, former les nouveaux cadres du secteur, et
desservir un bon segment de la clientèle touristique. Former des ressources
humaines adéquates pour le secteur. Le capital humain s'avère être un élément
fondamental lié à l'épanouissement de toute entreprise. Face à l'insuffisance
d'une offre haïtienne qualifiée dans tous les métiers du tourisme, le secteur
est présentement desservi à tous les niveaux par une cohorte grandissante de
cadres techniques importés et surtout d'origine asiatique. Par conséquent, pour
pallier cette faiblesse, l'Etat haïtien doit investir dans la formation des
ressources humaines nécessaires au développement de cette industrie. Aussi,
est-il urgent pour l'Etat d'attirer et de retenir des cadres et techniciens
nationaux compétents au service du secteur. A cela, il faut encourager la
main-d'oeuvre touristique haïtienne qualifiée opérant en terre étrangère à
offrir leur savoir-faire à l'industrie touristique nationale. Une
restructuration et modernisation de l'Ecole hôtelière, la seule structure
étatique de formation en cuisine, pâtisserie, bar et tenue d'hôtels, demeure
indispensable dans une perspective de fournir des prestations de qualité aux
visiteurs. Le curriculum doit être donc modifié et élargi. De plus, implanter
une école de formation aux métiers du tourisme et de l'hôtellerie dans chaque
grande zone touristique serait une nécessité pour le secteur. Promouvoir le
tourisme haïtien autrement. La promotion touristique ne doit pas se confiner en
des déplacements coûteux et infructueux, et en utilisant des outils de
promotion désuets. Ainsi, faudrait-il insister sur une stratégie promotionnelle
d'Haïti s'appuyant sur des choix précis et rationnels, en affectant et
intensifiant les maigres ressources sur les marchés porteurs et viables. Il
faudrait également concevoir, encourager et mettre en oeuvre des stratégies
appropriées de commercialisation et de marketing touristique pour la promotion
efficace d'Haïti et du secteur touristique. Il serait important que, dans cette
ambiance de précarité financière, chaque gourde ou dollar investi pour la
promotion du tourisme haïtien rapporte en termes de recettes internationales ou
internes. Améliorer la qualité de l'offre touristique. Haïti est connu pour la
diversité des produits offerts, entre autres, et de manière non-limitative, la
culture, l'histoire, la nature, l'art, l'artisanat, la gastronomie, etc.
L'amélioration de l'offre touristique haïtienne passera par une nouvelle
dynamique de l'Etat haïtien. Ainsi, faudrait-il créer et développer des
produits touristiques nouveaux et structurants; diversifier l'offre touristique
; valoriser le tourisme rural et l'écotourisme afin de préserver et conserver
les ressources touristiques locales; améliorer l'accueil et l'animation, créer
et codifier de nouveaux événements et produits nationaux. L'Etat aurait pour
l'obligation d'insuffler ce nouvel élan de dynamisme en faveur du développement
du secteur, de consolider, organiser, valoriser et faire évoluer l'offre
touristique existante. Considérations Le tourisme constitue un important
secteur d'activités. Son énorme potentiel de croissance est reconnu en Haïti. A
l'opposé, la politique touristique haïtienne de ce dernier quart de siècle se
limitait surtout à une promotion touristique inorganisée, sans objectifs
clairs, sans aucun marché cible défini et en perspective et aucun calendrier
d'intervention. La régulation du secteur doit être renforcée et son
implémentation doit impliquer, sous l'impulsion de l'Etat haïtien, tous les
acteurs concernés par le développement durable du tourisme. Il ne convient pas
de chercher à opposer dans une polémique stérile le secteur public au secteur
privé, mais plutôt de souligner qu'au-delà des idées reçues, l'Etat peut
stimuler et encadrer le secteur touristique. Par exemple, un engagement plus
cohérent de l'Etat haïtien dans la fourniture d'un ensemble de biens et de
services publics augmenterait et viabiliserait la rentabilité de
l'investissement privé de ce secteur en Haïti. A cela, un rôle plus approprié
et plus actif pour l'Etat haïtien dans le développement du tourisme demeure
primordial dans ce contexte dominé par un manque d'engagement réel en faveur de
ce secteur d'activités. Il demeure toutefois entendu que trois conditions sont
déterminantes dans tout processus de développement touristique : 1) une volonté
politique ferme, 2) une planification stratégique et, 3) un partenariat durable
et viable entre les secteurs public et privé. Conclusion Poser la pertinence
d'un rôle actif et dynamique pour l'Etat haïtien dans le développement du
tourisme demeure indispensable pour l'émergence du secteur. L'Etat est un agent
incontournable du fonctionnement rationnel du secteur. Au fait, la politique
touristique, alimentée durant ce dernier quart de siècle par la promotion du
potentiel touristique haïtien, la régulation du tourisme et une certaine
planification du développement du secteur, n'a pas donné les résultats
escomptés. Le développement effectif du secteur touristique haïtien passe par
une transformation positive du rôle assigné aux pouvoirs publics. Une
implication constante et intégrale de l'Etat demeure un impératif dans la
marche vers le développement du tourisme en Haïti. L'Etat haïtien doit
s'engager dans la planification touristique ne serait-ce qu'au niveau local,
développer des infrastructures et des services, édicter des normes et
réglementer le secteur touristique, promouvoir le tourisme haïtien autrement,
améliorer la qualité de l'offre touristique et créer, entre autres, un fonds de
développement et un fonds de garantie de l'investissement touristique. Ceci
étant, l'Etat haïtien pourra valablement jouer son rôle de coordonnateur du
développement touristique haïtien, en intervenant pour stimuler le
développement des activités génératrices d'externalités positives pour le
secteur touristique et limiter celles qui sont productrices d'externalités
négatives. Ainsi, les pouvoirs publics seront à même de créer une réelle
attractivité touristique du territoire et repositionner en même temps le
tourisme haïtien sur l'échiquier international au bénéfice de tous les secteurs
de la vie nationale. Ulrick-Emmanuel NOËL, MSc Fulbright
Fellow eunoel@yahoo.ca Références Anita Mendiratta, The role of government in
tourism: The critical "how". CNN Group/ETN, August 11, 2009. <
http://www.eturbonews.com/10980/role-government-tourism-critical-how>. Website consulted on June 23, 2011.
France-Antilles Martinique, Où en est le tourisme en Haïti ? 15 Janvier 2011, .
Consulté le 22 juin 2011. Jean-Louis Caccomo, Fondements d'Economie du Tourisme
: Acteurs, marchés, stratégies. Edition De Boeck Université, De Boeck &
Larcier s.a, Belgique, 2007, pp. 163-186. Louis Dupont, Cointégration et
causalité entre développement touristique, croissance économique et réduction
de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En ligne], 13-14 | Décembre
2009, consulté le 23 juin 2011. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/3780
Pierre Py, Le tourisme : un phénomène économique. La documentation Française,
Paris, 2007, pp. 94-103. Ulrick Emmanuel Noel, Michel Joseph Martelly: Quel
modèle d'engagement pour le tourisme en Haïti ? Le Matin, No.34254, 22 au 28
avril 2011, Haïti, p.8
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