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samedi 13 mai 2017

Repenser le rôle de l'Etat dans le développement du tourisme en Haïti... - See more at: http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/94417/Repenser-le-role-de-lEtat-dans-le-developpement-du-tourisme-en-Haiti#sthash.8KXbxwdj.dpuf

National -
Par Ulrick Emmanuel NOEL Le développement du tourisme partout ailleurs résulte de la conjugaison d'efforts d'un ensemble d'acteurs privé et public. A travers le temps, le rôle du secteur public symbolisé par l'Etat s'est caractérisé de mitigé, et s'est successivement circonscrit entre un interventionnisme abrupt et un libéralisme outrancier. D'où le confinement de cette puissance publique à l'observance rigide de ses principales fonctions régaliennes traditionnelles : défense nationale, justice, diplomatie, police et ordre public, etc. En Haïti, depuis ce dernier quart de siècle, le rôle de l'Etat dans le développement du tourisme n'a jamais été clairement défini, et a dû donc se limiter à la promotion et la régulation du secteur. En fait, un chef de l'Etat qui ne gage que par le changement, qui promeut une nouvelle rationalité dans la gestion de la « res publica », et qui s'évertue à considérer le tourisme comme le levier de son développement économique, ne devrait-il pas inéluctablement se positionner en faveur d'un Etat actif, stratège et dynamique susceptible de doter le secteur touristique de réels instruments aptes à favoriser l'implémentation de sa politique touristique et favoriser l'émergence du tourisme haïtien. Le tourisme haïtien et sa multisectorialité Haïti a été avec Cuba dans les années 50 les nations phares du mouvement touristique caribéen. Après la descente aux enfers des années 60 causée par les soubresauts politiques, le tourisme haïtien a toutefois connu un regain de santé au cours de la décennie 70. Les années 80 et 90 ont subi le contrecoup de nombre de facteurs négatifs liés à l'instabilité politique, à l'inadéquation des structures d'accueil, au mauvais rapport qualité/prix, à la propagation du virus du sida entre autres. Plus loin, une évolution en dents de scie a été enregistrée au cours des années 2000. Cette situation était caractérisée par la dynamique interne du secteur et les facteurs exogènes qui entravaient son développement réel. Un plan directeur du tourisme qui a vu le jour en 1996, a été révisé en 2008. Ce plan a formulé un ensemble de propositions articulées autour d'une quarantaine de projets. Ces projets n'ont pas pu être exécutés comme convenu à cause de la non-affectation par le trésor public de moyens budgétaires adéquats et, à un autre niveau, de la marginalisation et la méconnaissance de l'effet d'entrainement et multiplicateur du tourisme par les décideurs politiques. En fait, le séisme du 12 janvier 2010 a fragilisé les fondements du secteur et amoindri l'offre hôtelière et touristique disponible de près de 50%. Au cours de cette période, le nombre d'arrivées internationales en Haïti n'a pas trop fléchi. A titre indicatif, le volume de touristes de séjour visitant le pays en 2010 pourrait être estimé à 400.000, dont plus de 25% est constitué de businessmen de l'humanitaire, de la reconstruction et les ONGs. Parallèlement, le site des croisières de Labadie dans le Nord d'Haïti suit sa progression constante. En 2010, ce site a reçu un nombre de 537.778 croisiéristes qui ont généré d'US $5.4 millions à titre de redevances annuelles versées à l'Etat haïtien, et sans compter les retombées directes et indirectes sur l'économie nationale et la population. En effet, le Comité directeur des Nations Unies sur le tourisme et le développement (CDTD) soutient que le tourisme demeure un important secteur d'activités pour Haïti et représente entre 2000 et 2008 près de 35% de ses recettes d'exportations. La contribution du tourisme à l'économie haïtienne reste donc considérable et peut stimuler sa croissance et son développement. L'insuffisance de moyens budgétaires affectés au tourisme. Peu de moyens ont été investis dans le secteur touristique ces 25 dernières années par l'Etat haïtien. Le tourisme haïtien, en dépit du fait qu'il a toujours été inscrit au rang des grandes priorités nationales, est toujours traité par contre en parent pauvre. Le tourisme demeure donc le plus mal loti du secteur économique, il serait donc sacrifié au bénéfice d'autres priorités jugées peut-être plus urgentes. Généralement, les moyens financiers accordés au tourisme restent insuffisants : le montant consacré annuellement représente à peine 0,01% du total des fonds alloués aux secteurs économiques du budget. A preuve, le budget alloué en 2009-2010 au Ministère du Tourisme a été de 147.2 millions de gourdes et celui de 2010-2011 est de l'ordre de 173.9 millions de gourdes. Malheureusement, vu l'incohérence des politiques de développement et des interventions de l'Etat, les actions des autres ministères en termes d'infrastructures de transports, équipements culturels, éducation, environnement, agriculture entre autres ne concourent pas au renforcement du secteur touristique. La multisectorialité du tourisme. Le tourisme haïtien reste un secteur caractérisé par sa diversité et sa nature fortement transversale qui entre en interaction étroite avec de nombreux autres industries et services et à leurs politiques sous-jacentes. L'activité touristique génère d'importants effets positifs sur l'économie nationale (devises, investissements, emplois, etc.). A cela, « le tourisme peut à court terme susciter un boom de la construction, déclenchant à son tour l'expansion des infrastructures y relatives, en particulier dans le secteur hôtelier. Le tourisme est fortement lié au secteur de l'artisanat et des industries culturelles, domaines dans lesquels, Haïti dispose dans la Caraïbe d'un avantage comparatif et probablement compétitif ». L'Etat haïtien et la politique touristique de ces 25 dernières années La politique touristique haïtienne de ces (25) vingt cinq dernières années peut se résumer en quatre (4) grandes étapes qui traduisent grosso modo le degré d'engagement et d'intérêt que les pouvoirs publics attribuent au secteur touristique. En effet, avec la fin du régime des Duvalier en février 1986, le secteur touristique haïtien, jadis miné par un ensemble d'entraves conjoncturelles et structurelles, semblait perdre son envol, et ne constituait pas dans les faits une réelle priorité pour les gouvernements successifs. Entre 1986 et 1995, le secteur touristique a été victime des convulsions politiques qui ont anticipé son déclin. « Pendant toute cette période, la politique de l'Etat haïtien en matière de tourisme était essentiellement orientée vers la promotion, dans le but d'assurer une très forte présence du pays sur les marchés internationaux et auprès des opérateurs, plutôt que vers la mise en place des bases d'un tourisme durable ». La politique touristique de l'Etat haïtien entre 1996 et 2004 peut se diviser en deux sous-périodes. La première, datant de 1996 à 2000, était surtout marquée par la volonté de procéder à une planification du développement du secteur. Outre la participation d'Haïti à des foires et assises internationales en termes de promotion touristique, un plan directeur du tourisme a été élaboré en 1996. Ce plan avait retenu quatre (4) grands domaines d'orientations stratégiques, à savoir : l'aménagement des zones touristiques prioritaires, les produits touristiques, les circuits touristiques et les ressources humaines. La seconde, se situant entre 2001 et 2004, incarnait la consolidation des grandes orientations du PDT. Parallèlement, cette période se basait également sur la promotion du secteur à l'extérieur par une présence marquée sur la scène internationale. En réalité, ce mandat s'articulait surtout autour de la régulation du secteur : la création d'un Ministère du Tourisme (2001) ; un nouveau Code des Investissements (2002) ; création de la Commission interministérielle des Investissements (2003), et un ensemble de propositions relatives aux normes et classement des établissements touristiques en Haïti (2003). La politique touristique haïtienne entre 2004 et 2006 n'a pas été clairement inspirée. Elle voguait entre la promotion et la régulation du secteur : participation à des foires internationales (2005) et la contribution dans certaines fêtes patronales. Ces déplacements tenaient surtout à marquer une certaine présence du Ministère, et ne rentraient pas dans le cadre d'un processus rationnel d'organisation de ces événements. A titre de promotion et de facilitation des investissements privés en Haïti, il faut mentionner la création du Centre de Facilitation des investissements (CFI, 2006), considéré comme un instrument de promotion et de facilitation de l'investissement en Haïti. Toute la politique touristique de l'Etat durant ces cinq (5) dernières années (2006-2011) convergeait vers la révision du plan directeur du tourisme de 1996. Les efforts consentis dans la perspective de faire du Parc National Historique (Citadelle Henry, Sans souci, et le site des Ramiers) une destination touristique internationale n'ont pas suivi d'effets réels. Et ce, du fait que les promesses de financement formulées par des bailleurs de fonds internationaux n'ont pas été pour la plupart honorées. Un ensemble de projets ont été cependant concrétisées au bénéfice du secteur : la réfection de la route Cap-Haitien/Ouanaminthe (2007), la construction du nouveau Quai de Labadie (2009), l'aménagement de la plage de Port-salut (2009), la construction de l'aérogare de Jacmel (2009), etc. Malheureusement, le tremblement de terre de 2010 est venu assener un coup fatal au secteur touristique haïtien. Au regret, la politique touristique post-sismique et en pleine épidémie du choléra n'a pas été modifiée afin d'apporter des réponses plus pragmatiques aux besoins réels du secteur. Par ailleurs, la dynamique en termes d'investissements privés s'est amplement manifestée, et on peut mentionner, dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, la construction de certains hôtels d'affaire tels : Oasis Hôtel, 132 chambres; Best Western, 90 chambres; Servotel, 54 chambres; Haïti Lodging, 87 chambres ; Airport Hôtel, 250 chambres, entre autres. Ce coup d'oeil sur la politique touristique de ces 25 dernières années a permis de mettre en évidence l'action publique dans le domaine du tourisme. Il révèle que la promotion, la régulation du secteur, en dehors de l'élaboration des deux plans directeurs du tourisme, furent des objectifs constants qui ont guidé l'action des pouvoirs publics, mais qui pourtant n'ont pas favorisé le développement du secteur. Pour un Etat stratège et promoteur du développement touristique Le développement du tourisme en Haïti requiert un rôle plus approprié et dynamique de la part de l'Etat haïtien. Outre la promotion et la régulation du secteur touristique haïtien, les pouvoirs publics sont appelés à : Donner le ton et assurer la coordination du développement touristique. L'Etat haïtien doit jouer le rôle de catalyseur d'activités, d'initiatives et de projets en ce qui concerne le développement du tourisme. Sans exclure l'engagement du privé dans la croissance et l'épanouissement de ce secteur d'activités, les pouvoirs publics doivent impulser la dynamique nécessaire et assurer la coordination intersectorielle efficace et durable du développement touristique. Ainsi, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de garantir un certain climat de sécurité et de confiance. Il est indispensable d'intégrer le tourisme dans tous les plans globaux de développement et de renforcer les instruments dont l'Etat dispose pour influencer les initiatives sur le terrain, ainsi que les aptitudes et ressources nécessaires pour en assurer l'utilisation effective. Planifier un développement durable et rationnel du secteur. Le secteur a connu deux plans directeurs (1996 et 2008), cependant, aucune zone de développement touristique proposée par ces documents n'a réellement été aménagée. Un Etat stratège et actif doit encourager la mise en place des aménagements et des équipements touristiques adéquats. Ainsi, faut-il procéder au zonage de ces régions, à l'identification et au lotissement des terrains à des fins touristiques et à l'établissement des infrastructures touristiques de viabilisation, si les pouvoirs publics entendent réellement attirer davantage d'investissements touristiques vers Haïti. Cette approche pourrait assouplir les difficultés rencontrées par les potentiels investisseurs dans le processus d'obtention des terres appartenant à l'Etat. Ainsi, l'Etat doit s'engager de manière plus active dans le processus de planification et de mise en oeuvre du développement touristique. Ce qui devra conduire à l'adoption d'une politique d'aménagement durable du territoire. Développer des infrastructures et des services. La préoccupation de l'Etat est de pouvoir fournir au tourisme haïtien une structure viable permettant à ce secteur d'activités d'implémenter ses propres stratégies. L'Etat doit aussi fournir les infrastructures et les services essentiels afin de contribuer à la compétitivité du tourisme par rapport aux autres secteurs de l'économie nationale et particulièrement à la concurrence régionale. En fait, les infrastructures indispensables au développement du secteur touristique sont légions (routes, transports publics, approvisionnement en eau, traitement des déchets, approvisionnement en énergie, etc.). Conjointement, l'Etat doit adopter une stratégie spéciale tendant à stimuler l'assainissement des villes et des sites touristiques. Le développement et la gestion de ces infrastructures et services de qualité peuvent profondément influencer la relance du secteur touristique. Promouvoir et faciliter effectivement les investissements touristiques en Haïti. Attirer les investisseurs vers la destination Haïti requiert des stratégies agressives. Au lieu d'attendre que des investisseurs potentiels viennent à Haïti, l'Etat haïtien, à travers ses organes respectifs de promotion tels des bureaux installés dans les ambassades à cet effet, devrait se porter vers ces investisseurs. Et ce, en organisant des « points pays », en participant de manière ordonnée et stratégique à des salons et foires internationales sur les investissements. Attirer des investissements en Haïti revient surtout à faciliter le processus d'investissement dans toute sa complexité. Par exemple, allègement du Code des Investissements de 2002, facilitation dans le choix des zones d'implantation de projets et des terres disponibles, etc. Le Centre de facilitation des investissements (CFI) devrait être mieux outillé pour jouer ce rôle de promoteur, de facilitateur et surtout d'intermédiaire incontournable dans la facilitation des investissements en Haïti. Instituer le guichet unique au sein du CFI et y rattacher le secrétariat de la Commission interministérielle des investissements (CII) devraient réduire, à un certain niveau, le parcours de combattant de l'investisseur. Créer un fonds de développement et un fonds de garantie de l'investissement touristique. La création d'un fonds de développement serait un acquis pour ce secteur. Il constituerait un outil indispensable d'orientation de développement du secteur entre les mains des pouvoirs publics. L'existence d'un fonds de développement touristique viendra éventuellement en appui aux initiatives louables des PME touristiques, des opérateurs du secteur et des services connexes ayant toujours un accès difficile au crédit bancaire. Ce fonds permettra à bon nombre d'opérateurs touristiques d'augmenter leur capacité d'accueil et de renforcer la qualité des prestations fournies aux visiteurs par les établissements touristiques à travers le pays. D'un autre côté, la nécessité de créer un fonds de garantie des investissements privés en Haïti se fait âprement sentir. Ce fonds aura pour ambition de faciliter l'accès des entreprises privées aux financements à moyen et long terme, par le partage, avec les établissements de crédit, des risques liés à ces opérations. Ce fonds augmentera les ressources financières disponibles pour les petits entrepreneurs touristiques, et contribuera ainsi à la promotion du développement touristique. Edicter des normes et réglementer le secteur touristique. Améliorer la réglementation et l'application de la loi constitue un ensemble de prérogatives attribuées aux pouvoirs publics (décret mars 1975). Toutefois ce décret est dépassé et ne reflète plus la réalité touristique et hôtelière actuelle en termes d'application des normes d'exploitation et de fonctionnement des structures hôtelières et touristiques. Un Etat qui entend développer le tourisme en Haïti et édicter des normes doit à la rigueur investir dans des structures hôtelières moyennes rentables dans les villes de province pour répondre à une demande interne de plus en plus croissante (par exemple, 30 chambres) et parallèlement compenser la faiblesse de l'offre touristique. Ces structures hôtelières, en plus de répondre à un besoin, pourront se convertir en espaces de formation touristique, communément appelés « hôtels d'application ». Cette approche n'exclut pas une mise en gérance mixte, soit privé/public. Ceci étant, les pouvoirs publics pourront plus aisément imposer les normes, former les nouveaux cadres du secteur, et desservir un bon segment de la clientèle touristique. Former des ressources humaines adéquates pour le secteur. Le capital humain s'avère être un élément fondamental lié à l'épanouissement de toute entreprise. Face à l'insuffisance d'une offre haïtienne qualifiée dans tous les métiers du tourisme, le secteur est présentement desservi à tous les niveaux par une cohorte grandissante de cadres techniques importés et surtout d'origine asiatique. Par conséquent, pour pallier cette faiblesse, l'Etat haïtien doit investir dans la formation des ressources humaines nécessaires au développement de cette industrie. Aussi, est-il urgent pour l'Etat d'attirer et de retenir des cadres et techniciens nationaux compétents au service du secteur. A cela, il faut encourager la main-d'oeuvre touristique haïtienne qualifiée opérant en terre étrangère à offrir leur savoir-faire à l'industrie touristique nationale. Une restructuration et modernisation de l'Ecole hôtelière, la seule structure étatique de formation en cuisine, pâtisserie, bar et tenue d'hôtels, demeure indispensable dans une perspective de fournir des prestations de qualité aux visiteurs. Le curriculum doit être donc modifié et élargi. De plus, implanter une école de formation aux métiers du tourisme et de l'hôtellerie dans chaque grande zone touristique serait une nécessité pour le secteur. Promouvoir le tourisme haïtien autrement. La promotion touristique ne doit pas se confiner en des déplacements coûteux et infructueux, et en utilisant des outils de promotion désuets. Ainsi, faudrait-il insister sur une stratégie promotionnelle d'Haïti s'appuyant sur des choix précis et rationnels, en affectant et intensifiant les maigres ressources sur les marchés porteurs et viables. Il faudrait également concevoir, encourager et mettre en oeuvre des stratégies appropriées de commercialisation et de marketing touristique pour la promotion efficace d'Haïti et du secteur touristique. Il serait important que, dans cette ambiance de précarité financière, chaque gourde ou dollar investi pour la promotion du tourisme haïtien rapporte en termes de recettes internationales ou internes. Améliorer la qualité de l'offre touristique. Haïti est connu pour la diversité des produits offerts, entre autres, et de manière non-limitative, la culture, l'histoire, la nature, l'art, l'artisanat, la gastronomie, etc. L'amélioration de l'offre touristique haïtienne passera par une nouvelle dynamique de l'Etat haïtien. Ainsi, faudrait-il créer et développer des produits touristiques nouveaux et structurants; diversifier l'offre touristique ; valoriser le tourisme rural et l'écotourisme afin de préserver et conserver les ressources touristiques locales; améliorer l'accueil et l'animation, créer et codifier de nouveaux événements et produits nationaux. L'Etat aurait pour l'obligation d'insuffler ce nouvel élan de dynamisme en faveur du développement du secteur, de consolider, organiser, valoriser et faire évoluer l'offre touristique existante. Considérations Le tourisme constitue un important secteur d'activités. Son énorme potentiel de croissance est reconnu en Haïti. A l'opposé, la politique touristique haïtienne de ce dernier quart de siècle se limitait surtout à une promotion touristique inorganisée, sans objectifs clairs, sans aucun marché cible défini et en perspective et aucun calendrier d'intervention. La régulation du secteur doit être renforcée et son implémentation doit impliquer, sous l'impulsion de l'Etat haïtien, tous les acteurs concernés par le développement durable du tourisme. Il ne convient pas de chercher à opposer dans une polémique stérile le secteur public au secteur privé, mais plutôt de souligner qu'au-delà des idées reçues, l'Etat peut stimuler et encadrer le secteur touristique. Par exemple, un engagement plus cohérent de l'Etat haïtien dans la fourniture d'un ensemble de biens et de services publics augmenterait et viabiliserait la rentabilité de l'investissement privé de ce secteur en Haïti. A cela, un rôle plus approprié et plus actif pour l'Etat haïtien dans le développement du tourisme demeure primordial dans ce contexte dominé par un manque d'engagement réel en faveur de ce secteur d'activités. Il demeure toutefois entendu que trois conditions sont déterminantes dans tout processus de développement touristique : 1) une volonté politique ferme, 2) une planification stratégique et, 3) un partenariat durable et viable entre les secteurs public et privé. Conclusion Poser la pertinence d'un rôle actif et dynamique pour l'Etat haïtien dans le développement du tourisme demeure indispensable pour l'émergence du secteur. L'Etat est un agent incontournable du fonctionnement rationnel du secteur. Au fait, la politique touristique, alimentée durant ce dernier quart de siècle par la promotion du potentiel touristique haïtien, la régulation du tourisme et une certaine planification du développement du secteur, n'a pas donné les résultats escomptés. Le développement effectif du secteur touristique haïtien passe par une transformation positive du rôle assigné aux pouvoirs publics. Une implication constante et intégrale de l'Etat demeure un impératif dans la marche vers le développement du tourisme en Haïti. L'Etat haïtien doit s'engager dans la planification touristique ne serait-ce qu'au niveau local, développer des infrastructures et des services, édicter des normes et réglementer le secteur touristique, promouvoir le tourisme haïtien autrement, améliorer la qualité de l'offre touristique et créer, entre autres, un fonds de développement et un fonds de garantie de l'investissement touristique. Ceci étant, l'Etat haïtien pourra valablement jouer son rôle de coordonnateur du développement touristique haïtien, en intervenant pour stimuler le développement des activités génératrices d'externalités positives pour le secteur touristique et limiter celles qui sont productrices d'externalités négatives. Ainsi, les pouvoirs publics seront à même de créer une réelle attractivité touristique du territoire et repositionner en même temps le tourisme haïtien sur l'échiquier international au bénéfice de tous les secteurs de la vie nationale. Ulrick-Emmanuel NOËL, MSc Fulbright Fellow eunoel@yahoo.ca Références Anita Mendiratta, The role of government in tourism: The critical "how". CNN Group/ETN, August 11, 2009. < http://www.eturbonews.com/10980/role-government-tourism-critical-how>. Website consulted on June 23, 2011. France-Antilles Martinique, Où en est le tourisme en Haïti ? 15 Janvier 2011, . Consulté le 22 juin 2011. Jean-Louis Caccomo, Fondements d'Economie du Tourisme : Acteurs, marchés, stratégies. Edition De Boeck Université, De Boeck & Larcier s.a, Belgique, 2007, pp. 163-186. Louis Dupont, Cointégration et causalité entre développement touristique, croissance économique et réduction de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En ligne], 13-14 | Décembre 2009, consulté le 23 juin 2011. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/3780 Pierre Py, Le tourisme : un phénomène économique. La documentation Française, Paris, 2007, pp. 94-103. Ulrick Emmanuel Noel, Michel Joseph Martelly: Quel modèle d'engagement pour le tourisme en Haïti ? Le Matin, No.34254, 22 au 28 avril 2011, Haïti, p.8
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